Par Simon du Chastel : [...] Mauro Staccioli est venu plusieurs fois étudier le parc, ses arbres et pelouses, s'initier à son histoire afin de concevoir plusieurs maquettes de l'implantation de ses sculptures à réaliser sur place. Dans le parc, on trouve de nombreux grands hêtres dont un rouge sur une grande pelouse à l'entrée du parc. C'est pour lui que Mauro Staccioli a conçu un grand triangle de 12 m de long , 6 m de haut et d'une épaisseur de 50 cm, qui part d'une pointe au ras du sol et s'appuie dans la fourche de l'arbre. Celle-ci est revêtue d'une couche de ciment granulé, captant la lumière et peinte en rouge foncé rappelant la couleur qu'employaient déjà les Estruques. Cette texture joue avec toutes les variations saisonnières des feuilles du hêtre pourpre : au printemps, rose puis rouge vineuse, en automne la trinité s'éclaircit et prend toutes les nuances du rouge. Cette masse énorme, soutenue par un seul point, donne au promeneur l'impression d'une grande légèreté, de pouvoir être emporté par le vent ou de s'écrouler sur lui. La question du précaire, de l'incertitude et même du danger est posée. Mais une autre préoccupation de Mauro Staccioli, est d'utiliser une forme connue : le triangle pour rappeler au public de très anciennes préoccupations déjà existantes chez les égyptiens puis chez les chrétiens où, "la triade" forme évoluée de notre façon de penser, a marqué toute notre civilisation et son concept de dialectique et de progrès.
Une autre œuvre située dans une prairie longue et pentue est composée de trois disques de 2,4 m sur 50 cm d'épaisseur posés à raz du sol que l'on a envie de pousser avec son petit doigt pour la voir rouler dans une vallée comme un cerceau; quelle tentation ...
Mais le rond, le cercle, n'est-il pas aussi : notre lune, notre soleil dont certains peuples sont encore responsables en pratiquant de sa renaissance quotidienne. La source de nos jeux et de nos courses et même de certaines de nos architectures n'est-elle pas dans le cercle ? Mais Mauro Staccioli s'il nous fait penser à l'histoire de nos racines et nous rejoint dans l'imagination de nos rêves de plénitudes nous pose aussi le problème du danger, de l'émotion poétique et de la sérénité qui sont parfois, confrontés au tourment, à l'inquiétude et au désordre.
En cela, il est bien le frère de nos grands artistes, tant du passé qu'actuels pour qui, le monde est perpétuellement à regarder et à sortir du chaos par la gérance intelligente d'une parcelle de notre univers qui est cependant insérée dans le tout.
Une autre œuvre située dans une prairie longue et pentue est composée de trois disques de 2,4 m sur 50 cm d'épaisseur posés à raz du sol que l'on a envie de pousser avec son petit doigt pour la voir rouler dans une vallée comme un cerceau; quelle tentation ...
Mais le rond, le cercle, n'est-il pas aussi : notre lune, notre soleil dont certains peuples sont encore responsables en pratiquant de sa renaissance quotidienne. La source de nos jeux et de nos courses et même de certaines de nos architectures n'est-elle pas dans le cercle ? Mais Mauro Staccioli s'il nous fait penser à l'histoire de nos racines et nous rejoint dans l'imagination de nos rêves de plénitudes nous pose aussi le problème du danger, de l'émotion poétique et de la sérénité qui sont parfois, confrontés au tourment, à l'inquiétude et au désordre.
En cela, il est bien le frère de nos grands artistes, tant du passé qu'actuels pour qui, le monde est perpétuellement à regarder et à sortir du chaos par la gérance intelligente d'une parcelle de notre univers qui est cependant insérée dans le tout.
Une géométrie de la Liberté par Tommaso Trini : ... Je voudrais aborder un problème qu'on laisse souvent tomber depuis quelques années, depuis que l'esprit avant-gardiste est terminé, depuis qu'il existe une modernité apparemment conclue, depuis qu'on parle d'une époque post-moderne. Je veux parler de la liberté, qui est la propriété nécessaire et fondamentale de toute création et surtout du travail de chaque artiste. Je pense qu'il faut retrouver cette notion, il faut retrouver cette pratique de se libérer des choses et de libérer les choses des autres aussi. J'ai pensé, avec des mots très simples, de voir comment, dans l'aventure de Staccioli, se dessine cette recherche de libération, de liberté. On peut parler d'abord de la liberté de s'opposer, de se défendre, et c'est, au niveau formel, la toute première partie de son œuvre. Deuxièmement, il y a une liberté - je ne parle pas de droit, mais de liberté - de se transformer, liberté de changer, car dans la création, il n'y a pas de droit, il n'y a que le "faire", que le pouvoir de faire les choses. Le troisième point est la liberté de s'épanouir et d'avoir des racines....
... Parmi la multiplicité des formes, la multiplicité des images que l'œuvre de Staccioli avait déjà acquises, on pouvait encore s'attendre à l'épanouissement d'une forme plus totale, celle de la sphère. J'ai aussi parlé de la possibilité d'une nouvelle dimension, qui est en réseau. Car si vous avez l'expérience de ces œuvres et de ces sculptures d'environnement, vous aurez remarqué que ce sont toujours de très pointues sculptures, dont on ne peut jamais dire vraiment, sauf lorsqu'on les voit sur un site spécifique, dans un lieu spécifique, si on a un style classique - peut-être que le triangle qui est au parc ici, à Bruxelles, est-il classique, dans l'esprit le plus populaire, bien sûr -, mais il y a d'autres travaux, d'autres pièces très importantes comme celles des arcs, des demi-cercles, des grandes demi-lunes qu'on voit à Séoul et partout dans les années 80.
Celles-là sont des formes qui seraient plutôt animistes, très subtiles, irrégulières. Bien sûr, il y a aussi un côté baroque qui est présent dans la fonction que ces objets assurent : au fond, ils ont aussi la fonction d'animer les lieux dans lesquels ils sont posés, un peu comme les machines de spectacle du baroque, qui donnent le mouvement à la statique de chaque lieu, et qui révèlent des choses que l'on ne voyait pas...
... Parmi la multiplicité des formes, la multiplicité des images que l'œuvre de Staccioli avait déjà acquises, on pouvait encore s'attendre à l'épanouissement d'une forme plus totale, celle de la sphère. J'ai aussi parlé de la possibilité d'une nouvelle dimension, qui est en réseau. Car si vous avez l'expérience de ces œuvres et de ces sculptures d'environnement, vous aurez remarqué que ce sont toujours de très pointues sculptures, dont on ne peut jamais dire vraiment, sauf lorsqu'on les voit sur un site spécifique, dans un lieu spécifique, si on a un style classique - peut-être que le triangle qui est au parc ici, à Bruxelles, est-il classique, dans l'esprit le plus populaire, bien sûr -, mais il y a d'autres travaux, d'autres pièces très importantes comme celles des arcs, des demi-cercles, des grandes demi-lunes qu'on voit à Séoul et partout dans les années 80.
Celles-là sont des formes qui seraient plutôt animistes, très subtiles, irrégulières. Bien sûr, il y a aussi un côté baroque qui est présent dans la fonction que ces objets assurent : au fond, ils ont aussi la fonction d'animer les lieux dans lesquels ils sont posés, un peu comme les machines de spectacle du baroque, qui donnent le mouvement à la statique de chaque lieu, et qui révèlent des choses que l'on ne voyait pas...
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